16.12.11

Correspondance JLG/ François Truffaut, 1973 (document)


Lettre de Jean-Luc Godard à François Truffaut, 
fin mai 1973 :

« Probablement personne ne te traitera de menteur, aussi je le fais. Ce n’est pas plus une injure que fasciste, c’est une critique, et c’est l’absence de critique où nous laissent de tels films, le tien et ceux de Chabrol,
Ferreri, Verneuil, Delannoy, Renoir, etc. dont je me plains. 
Tu dis : les films sont de grands trains dans la nuit, mais qui prend le train, dans quelle classe, et qui le conduit avec le “mouchard” de la direction à ses côtés ?
Ceux-là aussi font les films-trains. 
Et si tu ne parles pas du Trans-Europ, alors c’est peut-être celui de banlieue, ou alors celui de Dachau-Munich, dont bien sûr on ne verra pas la gare dans le film-train  de Lelouch. 
Menteur, car le plan de toi et de Jacqueline Bisset l’autre soir chez Francis [un restaurant situé place de l’Alma] n’est pas dans ton film, et on se demande pourquoi le metteur en scène est le seul à ne pas baiser dans 
LA NUIT AMÉRICAINE. J’en viens à un point plus matériel. J’ai besoin, pour tourner “Un simple film”, de cinq ou dix millions de francs. Vu LA NUIT AMÉRICAINE, tu devrais m’aider, que les spectateurs ne croient pas qu’on ne fait des films que comme toi. Si tu veux en parler, d’accord. » 


Réponse de François Truffaut à Jean-Luc Godard,
juin 1973 :


« Je te retourne ta lettre à Jean-Pierre. Je l’ai lue et je la trouve dégueulasse.  C’est à cause d’elle que je sens le moment de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde.

Je me contrefous de ce que tu penses de LA NUIT AMÉRICAINE, ce que je trouve lamentable de ta part, c’est d’aller, encore aujourd’hui, voir des films comme celui-là, des films dont tu connais d’avance le contenu qui ne correspond  ni à ton idée du cinéma ni à ton idée de la vie.

A mon tour de te traiter de menteur. Au début de “Tout va bien”, il y a cette phrase : “Pour faire un film, il faut des vedettes.” Mensonge.
Tout le monde connaît ton insistance pour obtenir Jane Fonda qui se dérobait, alors que tes financiers te disaient de prendre n’importe qui. Ton couple de vedettes, tu l’as réuni à la Clouzot : puisqu’ils ont la chance de travailler avec moi, le dixième de leur salaire suffira, etc.

Karmitz, Bernard Paul ont besoin de vedettes, pas toi, donc mensonge.
Tu l’as toujours eu, cet art de te faire passer pour une victime, comme Cayatte, comme Boisset, comme Michel Drach, victime de Pompidou, de Marcellin, de la censure, des distributeurs à ciseaux, alors que tu te débrouilles toujours très bien pour faire ce que tu veux, quand tu veux, comme tu veux et surtout, préserver l’image pure et dure que tu veux entretenir, fût-ce au détriment des gens sans défense…
Je n’ai plus rien éprouvé pour toi que du mépris, quand j’ai vu dans VENT D’EST la séquence “comment fabriquer un cocktail Molotov”, et qu’un an plus tard tu t’es dégonflé quand on nous a demandé de distribuer
LA CAUSE DU PEUPLE DANS LA RUE AUTOUR DE SARTRE. L’idée que les hommes sont égaux
est théorique chez toi, elle n’est pas ressentie.
Il te faut jouer un rôle et que ce rôle soit prestigieux. J’ai toujours eu l’impression que les vrais militants sont comme des femmes de ménage, travail ingrat, quotidien, nécessaire.Toi, c’est le côté Ursula Andress, quatre minutes d’apparition, le temps de laisser se déclencher les flashes, deux, trois phrases bien surprenantes et disparition, retour au mystère avantageux.
Comportement de merde, de merde sur son socle… Pendant une certaine période, après Mai 68, on n’entendait plus parler de toi ou alors mystérieusement : il paraît qu’il travaille en usine, il a formé un groupe, etc., et puis un samedi, on annonce que tu vas parler à RTL. Je reste au bureau pour écouter, pour avoir de tes nouvelles en quelque sorte ; ta voix tremble, tu parais très ému, tu annonces que tu vas tourner un film
intitulé LA MORT DE MON FRÈRE, consacré à un travailleur noir malade qu’on a laissé mourir au sous-sol d’une fabrique de téléviseurs et, en t’écoutant, malgré le tremblement de ta voix, je sens :
- 1) que l’histoire n’est pas exacte, en tout cas trafiquée ;

- 2) que tu ne tourneras jamais ce film.

Je me dis : si le type avait une famille et que cette famille allait vivre désormais dans l’espoirque ce film soit fait ? Il n’y avait pas de rôle pour Montand là-dedans ni pour Jane Fonda, mais pendant un quart d’heure, tu as donné l’impression de te “conduire bien”, comme Messmer quand il annonce le droit de vote à 19 ans.
Fumiste. Dandy. Tu as toujours été un dandy, quand tu envoyais un télégramme à de Gaulle pour sa prostate, […] quand tu traitais Chauvet de corrompu parce qu’il était le dernier, le seul à te résister,dandy quand tu pratiques l’amalgame : Renoir-Verneuil, blanc bonnet et bonnet blanc, dandy encore quand tu prétends que tu vas montrer la vérité sur le cinéma, ceux qui le font obscurément, mal payés, etc. […]
Si tu veux en parler, d’accord. »

11.12.11

JLG & F. Lang : le dinosaure et le bébé (vidéo)

CINÉASTES DE NOTRE TEMPS : LE DINOSAURE ET LE BÉBÉ
Dialogue en huit parties entre Fritz Lang et Jean-Luc Godard
de André S. Labarthe
France/émission diffusée le 15.03.1967 par l'ORTF

23.11.11

JLG dans Cinéma Cinémas (vidéo / entretien)

Dans l’émission "Cinéma, Cinémas" de Antenne 2, 1983

12.9.11

8.9.11

1.5.11

Marie-France Pisier & Jean Pierre Léaud : Antoine & Colette [vidéo]

Jean Pierre Léaud & Marie-France Pisier (1944-2011)
dans Antoine & Colette de François Truffaut





26.2.11

Publicité "Schick" [vidéo]

1971,  publicité pour l'after shave Schick 
co-réalisée par Jean-Pierre Gorin. 





merci

22.1.11

Weekend de Stefan Zeyen

Le travail de Stefan Zeyen basé sur Weekend de JLG


"in the language of film a camera pan describes space with the means of time. the camera´s quite narrow field of vision is enlarged by enchaining several consecutive fields of vision. the following scene scans an entire countryside traffic jam in a single horizontal movement of more than seven minutes. the aim is to reconstruct the described space in its entity, peeling the space out of its temporal container. the result is a panoramic view of the whole, nonmoving, but nevertheless still containing the element of time. Based on J. L. Godard´s "Weekend". Realized as a collage of 75 flyposters from October 1, 2010 to January 9, 2011 outside Cornerhouse in Manchester as part of the exhibition Unspooling - Artists and Cinema



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19.1.11

Les fiancés du Pont Mac Donald [court métrage, Godard acteur]

Les Fiancés du Pont Mac Donald, un court métrage d'Agnès Varda (1961)

avec Jean Luc Godard, Anna Karina, Jean Claude Brialy, Sami Frey et Eddie Constantine
Musique : Improvisation de Michel Legrand


Les Fiances du Pont Mac Donald (1961)
envoyé par Pigasus_Power.